Fortifications & artillerie… lorsque les mots ont un sens (2) !


Aujourd'hui, si l'intérêt pour le fait militaire et, plus particulièrement les fortifications connaît un franc succès, on s'aperçoit que le langage induit « la culture militaire » laisse, parfois, la place à quelque approximation. 
Ce second billet s'attache cette fois à mieux définir les feux d'infanterie avec une terminologie qui s'applique essentiellement à partir du début du 20e siècle. Cette sémantique s'applique, bien évidemment, au domaine des fortifications.

Source imprimée…

Il convient de se référer à quelque bonnes sources et, ce cours de fortification proposé en 1931 (rééd. en 1936) y répond parfaitement : MILLOT (Cne), LAZARD (Sous de la direction du Lt-Colonel) Cours de fortification. 1re Partie —Organisation du terrain. 1re Section — Principes et procédés. École Militaire et d’Application du Génie, 1931-1936.

Les définitions figurant ci-dessous reprennent l'intégralité du texte original. 

Définitions relatives au tir d’infanterie

On appelle :

Objectif de tir : l’élément ennemi ou la position localisée avec précision sur le terrain, sur lesquels sont dirigés les projectiles ;
Droite (gauche) d’un objectif : la partie de cet objectif que l’observateur voit à sa droite (gauche), lorsqu’il regarde l’objectif de face ;
Tir à pointage direct : le tir dans lequel toutes les opérations relatives au pointage sont faites sur l’objectif lui-même ;
Tir à pointage indirect : le tir exécuté en pointant sur un point de pointage distinct du but. Ce genre de tir est particulier aux engins d’accompagnement ;
Tir indirect : le tir destiné à battre un objectif non vu de l’emplacement de l’arme. Ce genre de tir est spécial aux unités de mitrailleuses ;
Tir masqué : le tir exécuté derrière un couvert ou un masque, à l’abri des vues de l’ennemi ;
Tir repéré : le tir permettant l’exécution d’un feu ajusté au milieu de la fumée, du brouillard, pendant la nuit. Il s’effectue, soit en pointant sur des repères naturels ou artificiels placés à proximité de l’arme et très visibles pour le tireur, soit en rétablissant, par les moyens de repérage prévus, la direction et l’inclinaison de l’arme, déterminées de jour.

Le tir est dit :

de front : lorsque la ligne de tir est sensiblement perpendiculaire à la direction du front de l’ennemi, quelle que soit d’ailleurs sa formation d’attaque ou de défense ;
d’écharpe : lorsque la ligne de tir est plus ou moins oblique au front de l’objectif ;
de flanc : lorsque la ligne de tir aboutit dans le flanc de l’objectif ;
de revers : lorsque la ligne de tir est dirigée dans le dos de l’ennemi, soit perpendiculairement, soit obliquement ;
d’enfilade : lorsqu’il est dirigé dans le sens de la plus grande dimension d’un objectif ; un tel tir est en même temps de front, d’écharpe, de flanc ou de revers, suivant la façon dont se présente l’objectif ;
rasant : lorsque sur tout leurs parcours, les trajectoires ne s’élèvent pas au-dessus du terrain, à une hauteur : supérieure à celle de l’homme debout ;
fichant : lorsque la zone dangereuse se limite sensiblement à la zone des points d’arrivée des projectiles.

On appelle :

Feux de flanquement : les feux exécutés par une unité pour protéger ses flancs ou son front, ou ceux d’une unité voisine, au moyen de tirs à peu près parallèles à la ligne à interdire ;
Barrage de feux : la combinaison de feux ayant pour objet de concentrer les projectiles, sans solution de continuité, sur une bande de terrain plus ou moins large, exactement définie ;
Tir de neutralisation : le tir ayant pour résultat d’empêcher l’ennemi de faire un usage efficace de ses armes ;
Tir d’interdiction : le tir exécuté sur les communications de l’ennemi et sur les points de passage qu’il est obligé d’utiliser ;
Tir de harcèlement : le tir ayant pour objet de gêner l’observation de l’ennemi, ses mouvements (ravitaillement, travaux, relèves) et son stationnement ;
Plan des feux : l’ensemble coordonné des tirs prévus pour toutes les armes d’infanterie, d’Artillerie et d’Aviation, dans l’offensive comme dans la défensive, en présence d’une situation ou en vue d’une opération déterminée ;
Plan des feux d’infanterie : la partie du plan des feux concernant les armes et engins d’infanterie et définissant les missions de tir des différentes unités.
Les distances de tir d’infanterie sont dénommées :
Petites distances : de 0 à 400 mètres ;
  Moyennes distances : de 400 à 1200 mètres ;
Grandes distances : de 1200 à 2400 mètres ;
  Très grandes distances : de 2400 mètres jusqu’à la portée extrême du projectile.


Dr Balliet JM — 20 novembre 2018


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