L'organisation du service des fortifications en Allemagne [1890]
Garnison-Verwaltungs-Dienstgebäude mit Waschküchenanbau (Neuf-Brisach) |
Dans les années 1875 et jusqu'au début du premier conflit mondial, les futurs belligérants sont très actifs dans le domaine des fortifications… Les Français qui, à l'aune de frontières remodelées, doivent tout reconstruire et l'Empire allemand qui se doit de défendre les territoires nouvellement acquis à l'ouest, l'Alsace et la Moselle, ainsi que ses frontières à l'est. Il en va de même pour les Italiens, les Autrichiens, les Belges et quelques autres…
Dans un contexte crucial, il est important de comprendre les organisations mises en œuvre, ici, celle mise en place au sein de l'Empire allemand.
Cette présentation abrégée est inspirée par l'ouvrage de von Scholl (Das Befestigungswesen der Neuzeit. Berlin 1889) et l'excellente recension publiée dans la Revue du génie militaire (1890).
Création de nouvelles places fortes ou le déclassement d’anciennes places
Les études concernant la création de nouvelles places fortes ou le déclassement d’anciennes places, en un point quelconque de l’empire allemand, sont de la compétence de la commission de défense du pays (Landes-Verteidigungs-Kommission), qui comprend : le chef de l’état-major général de l’armée ; l’inspecteur général de l’artillerie de forteresse; le chef du corps du génie et des pionniers, inspecteur général des fortifications ; le directeur du département militaire au ministère de la guerre, comme représentant du ministre ; enfin d’autres officiers généraux choisis par l’empereur.
Lorsque des travaux sont décidés en principe, les projets sont élaborés par le service du génie et sont communiqués au service de l’artillerie, qui donne Son avis. Lorsqu’il s’agit d’importantes constructions, le ministre peut encore, après que les projets ont été acceptés par l’artillerie, les soumettre au chef de l’état-major général de l’armée.
L’inspecteur général du génie a la haute main sur tout le service des constructions de fortifications. Le comité du génie (Ingenieur-Komitee) n’est qu’un organe d’études placé complètement sous les ordres de l’inspecteur général.
Les inspections du génie
Freiburg / Baden, Neubreisach, Ulm |
Service des places — Génie
Dans chaque place, le chef du génie (Ingenieur-Offizier vom Platz) est chargé de la rédaction des projets et de la conduite des travaux de fortification. Pour les projets, il confère avec le commandant de l’artillerie de la place, puis tous deux soumettent leurs vues au commandant de la place, dont l’avis figure au dossier. Quant à la conduite des travaux, après que le projet est arrêté par le ministre, le service du génie en reste seul chargé. Le chef du génie est secondé par des officiers du génie, chefs de chantier (Postenoffiziere), capitaines ou lieutenants.
Les travaux se font à l’entreprise, soit générale, soit partielle; le plus souvent les entreprises sont données par adjudication. Le règlement des comptes est établi en prenant pour bases les comptes présentés par les entrepreneurs puis vérifiés par le chef de chantier et par le chef du génie. La comptabilité est tenue par le secrétaire de la chefferie du génie (Fortifikations-Sekretär) ; cet employé militaire est sous les ordres du chef du génie. Les pièces comptables sont soumises à la vérification de l’inspecteur des fortifications, qui contrôle définitivement le côté technique et le taux des prix. Mais les pièces sont encore contrôlées, sous le rapport de l’exactitude des comptes et de la régularité administrative, par l'intendant de la région militaire, et finalement par la cour des comptes (Ober-Rechnungskammer).
Service des places — Artillerie
Le service de l’artillerie de forteresse, dans chaque place, est sous les ordres du commandant de l’artillerie (Artillerie-Offizier vom Platz), qui administre l’arsenal (Artillerie-Depot) avec l’atelier d’artifices (Laboratorium). Son chef direct est l'inspecteur des arsenaux (Artillerie-Depot-lnspekteur), qui relève directement du ministre pour l’administration pure, tandis que toutes les affaires d’ordre tactique passent par les commandants des brigades d’artillerie de forteresse (Fuss-Artillerie-Brigadekommandeure). Ces généraux sont ainsi constamment tenus au courant du service qu’ils ont à inspecter.
L’autorité la plus élevée de l’arme est l’inspecteur général de l’artillerie de forteresse. De lui dépendent, outre les corps de troupe, le comité, la commission d’expériences (Artillerie-Prüfungs-Kommission), et une compagnie d’instruction (Lehrkompagnie) qui fournit le personnel pour les expériences.
L’autorité la plus élevée de l’arme est l’inspecteur général de l’artillerie de forteresse. De lui dépendent, outre les corps de troupe, le comité, la commission d’expériences (Artillerie-Prüfungs-Kommission), et une compagnie d’instruction (Lehrkompagnie) qui fournit le personnel pour les expériences.
Conseil et défense et al.
Dans chaque place il existe un conseil de défense (Verteidigungs-Komitee) présidé par le commandant de la place ; les autres membres du conseil sont : le chef du génie, le commandant de l’artillerie, et un officier supérieur appartenant à l’état major ou à l’infanterie. La principale fonction du conseil, en temps de paix, est de préparer le projet de défense (Verteidigungsplan) et les projets de mobilisation des différents services (Armierungsentwürfe). Pour ces études, le commandant peut réclamer la collaboration du médecin en chef (Garnizonsarzt), celle du chef de service des subsistances (Proviantmeister) et celle des chefs des services administratifs de la garnison et des hôpitaux militaires (Garnison- und Lazarettverwaltungen). Le projet de défense et les projets de mobilisation, préparés ainsi de concert par les chefs de service locaux, sont soumis au général commandant la région militaire, à toutes les autorités de la hiérarchie du service du génie, à toutes celles de l’artillerie, enfin au ministre de la guerre.
Dr Balliet, 19 mars 2018
Dr Balliet, 19 mars 2018
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