Fortifications : lorsque artillerie et génie défendent leur pré carré !

Les quelques observations et réflexions qui suivent, décrivent la situation dans les années 1890.

Commandement

On voit, d'abord, dans l'artillerie et le génie, un seul et même personnel d'officiers qui assume à la fois l'honneur de commander les troupes et la charge d'une foule de services techniques : construction des fortifications, des casernes, hôpitaux, magasins, des voies de communication de toute nature, du matériel d'artillerie et des équipages ; préparation et direction des travaux d'attaque et de défense des places ; télégraphie, aérostation, etc. Malgré la qualité de la formation de ces officiers, certains s’étonnent, déjà à l’époque, de l’absence de personnels distincts pour la fonction de commandement des troupes et pour la direction des services techniques du matériel. En effet, cette absence de séparation était la source d’incessantes mutations dans le commandement des troupes, etc.

Fortifications & Attributions des corps de l’artillerie et du génie

On ne peut manquer de constater un enchevêtrement des attributions des services de l'artillerie et du génie.
Quelques exemples…
  • Alors que le génie gère la plus importante partie du domaine militaire, construit non seulement les bâtiments de casernement, mais encore ceux des services administratifs et du service de santé, l'artillerie conserve ses terrains, édifie ses établissements !
  • Le génie construit les forts, l'artillerie y installe les plates-formes et les pièces. Chacun de ces deux services y entretient un matériel distinct, emmagasiné dans des locaux séparés, surveillé par des employés différents.
  • Ainsi, lorsqu'on visitait une fortification à cette époque et qu'on y trouvait une caserne d'artillerie ou un magasin à poudre, on aurait appris que c'est le génie qui les a construits, tandis qu'un atelier d'artillerie et un magasin à poudre isolés sont construits par l'artillerie.
  • Dans cette même fortification, on rencontrait un gardien de batterie dépendant de l'artillerie et un portier-consigne dépendant du génie.
  • Dans les magasins à poudre, le génie se chargeait de l’installation de la partie fixe du dispositif d'éclairage et l'artillerie installe la partie mobile.
  • Certains ouvrages sont munis de monte-charge pour les munitions : le génie établit encore les parties fixes, l'artillerie les parties mobiles de ces monte-charge…
  • On pouvait également voir — c’est peut-être encore d’actualité — à côté de bâtiments vides dépendant de l'artillerie, le génie en construire de nouveaux ; et réciproquement…

Un grand nombre de questions rentrant, à des points de vue divers, dans les attributions des deux armes, il fallait savoir sinon démêler l’écheveau, au moins rechercher un consensus !
Alors s'ouvraient, à tous les degrés de la hiérarchie, d'interminables conférences où l'on est rarement d'accord, même sur les points essentiels.
Ainsi instruite, l'affaire arrive à l'Administration centrale qui, pour trancher le différend, n'avait le plus souvent que la ressource de soumettre la question à une délégation des deux comités techniques.
Cette délégation donnait, le plus fréquemment, raison à tout le monde, sans satisfaire complètement personne ; et, entre deux solutions ayant certainement leurs inconvénients, mais qui dériveraient logiquement de certaines bases, elle choisissait un terme moyen qui ne rimait plus à grand-chose…

— Ami lecteur… Toute similitude avec des situations actuelles serait purement fortuite  ! —
ou
Le roi Ubu reste d’une actualité déconcertante !

Bien cordialement. 

Balliet J.M.

Commentaires