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Le « canon du Croisic ».
La ville du Croisic abrite depuis quelques années, actuellement dans les jardins de l’hôtel de ville, une pièce d’artillerie navale du 17e s. d’une qualité exceptionnelle : canon de 24 en bronze provenant d’un vaisseau amiral de la flotte de Louis XIV, le Soleil Royal.
Ce Canon provient de la deuxième batterie du navire sabordé, le 21 novembre 1759, lors de la bataille navale des Cardinaux (baie de Quiberon). Relevé en 1955 par un pêcheur du Croisic, Jean Quilgars, il est toujours la propriété du musée national de la Marine, le canon est en dépôt au Croisic après avoir bénéficié d’une exposition itinérante.
Longtemps exposé aux intempéries après un séjour sous-marin de près de 200 ans, il a bénéficié en 2013 d’un travail de restauration mené par le laboratoire Arc Antique de Nantes. Le bronze a reçu une patine et une cire protectrice. À cette occasion, l’affût de canon, une évocation d’un affût marin, a été repeint dans une teinte rouge, caractéristique des couleurs utilisées dans la marine royale.
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Sur les quais du Croisic, avant restauration [état 2012] |
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Nouvel emplacement, après la restauration de 2015 [état 2017] |
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Le Soleil Royal (1750-1759), vaisseau amiral de l’escadre de Brest.
En service de 1750 à 1759. ce vaisseau de ligne de deuxième rang dessiné par Jacques Luc Coulomb, fleuron de la marine royale, dispose de deux ponts et porte 80 canons.
Il avait été mis en chantier pendant la vague de construction séparant la fin de la guerre de Succession d’Autriche (1748) et le début de la guerre de Sept Ans (1755).
Son gabarit, supérieur à celui des vaisseaux correspondants de l’époque, s’explique par sa fonction de vaisseau amiral, symbolisant la puissance de la monarchie française sur mer. Cette symbolique se retrouve dans l’armement : il embarque une prestigieuse et coûteuse artillerie, exceptionnellement en bronze alors que l’usage des pièces en fer est de règle.
L’armement se répartit de la façon suivante :
- Premier pont, percé de 15 sabords sur chaque bord soit trente canons de 36 livres ;
- Le second, percé de 16 sabords porte trente-deux pièces de 24 livres ;
- Enfin, les gaillards avant et arrière se répartissent dix-huit pièces de 8 livres.
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Canon de 24 du Soleil Royal.
La pièce, fondue en 1670 par Jean Baubé, était alors presque centenaire, mais parfaitement fonctionnelle lorsqu’elle avait été installée sur le plus récent Soleil Royal. Elle avait, peut-être, déjà été récupérée sur l’épave du Soleil Royal de l’amiral de Tourville, perdu en 1672 devant Cherbourg au soir de la bataille de la Hougue. En effet ; douze canons de 24 en bronze du même type avaient été fondus en 1670 à Toulon pour l’armement du Royal Dauphin (1668-1700) et du Royal Louis (1668-1699).Données numériques
Poids : 2 259 kg
Longueur : 3,62 m.
Ornementation
Cette pièce exceptionnelle est remarquable par la qualité et la richesse de son ornementation :
- Une tête de faune forme le bouton de culasse et le cul-de-lampe autour duquel le maître-fondeur a inscrit son nom en circulaire : « FAICT PAR JEAN BAUBÉ FONDEUR GÉNÉRAL DE L’ARTILLERIE ET MARINE DE FRANCE A TOULON 1670 ».
- Sur la culasse, des rinceaux décorent une coquille sommée de deux feuilles d’acanthe et percée d’un trou de lumière
- En avant de cette lumière est gravé le poids du canon en livres, sur le premier renfort.
- Sur le premier renfort, un médaillon ovale délimité par une guirlande de feuilles de chêne et de glands contient le buste de Louis XIV couronné de lauriers. Il se détache en bas-relief et se trouve encadré par l’inscription : « LVD XIIII D GRATIAE FR ET NAV REX ». (Louis XIV, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre).
- Ce médaillon est surmonté d’un soleil, symbole du roi Louis XIV, à rayons alternativement droits et ondés avec la devise du roi, une lettre entre chaque rayon : « nec pluribus impar » (« à nul autre pareil »).
- Le dessus du deuxième renfort est orné de deux anses delphinoïdes — des dauphins aux allures quelque peu fantasmagoriques —, somptueusement réalisées
- La volée comporte trois séries successives de décorations : un dauphin contourné, surmonté d’une couronne fleurdelysée à trois fleurons et deux demi-fleurons, soutenu à dextre et à senestre de deux L opposés (le chiffre de Louis XIV), le tout au-dessus de deux palmes posées en sautoir ; quatre dauphins disposés en encadrement posé sur une ancre ; à l’intérieur de l’encadrement, l’inscription relative au comte de Vermandois (« LE COMTE DE VERMANDOIS »). Un ruban porte l’habituelle devise ULTIMA RATIO REGUM (dernier argument des rois).
- À la base de la tulipe, l’astragale est formé de mascarons alternant avec un motif végétal stylisé et entouré de part et d’autre d’un bandeau de feuilles d’acanthe.
- Sur la volée et la tulipe, des fleurs de lys sont posées en quinconce (8 visibles) plus une neuvième formant guidon sur le renflement de la tulipe.
Orientations bibliographiques et sitologiques
_ Neptunia n° 42.
_ Collections du Musée National de la Marine
Dr Balliet J.M. — 3 janvier 2021
LEICA X1 (2012)
Leica M (type 240) — Apo-Summicron-M 1:2/50 ASPH. (2017)
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