Arsenale di Venezia — L'arsenal de Venise [description sommaire & portofolio]


Si pour de nombreux touristes, Venise se résume au Rialto, aux gondoles et quelques ruelles — j'exagère à peine —, La Sérénissime recèle bien évidemment de très nombreux trésors qui se dévoilent plus volontiers aux lève-tôt et aux curieux. Les amateurs d'architecture militaire ne seront pas en reste avec, entre autres, l'extraordinaire arsenal !



L’arsenal de Venise

Il a été construit en 1104 sur l’initiative du doge Ordelafo Faliero. Ce chantier naval joue un rôle déterminant dans la construction et la puissance de la Vénétie en permettant la production rapide de nombreux navires, civils et militaires.
Ceint par 3 km de murailles crénelées de briques rouges d'une faible valeur défensive — il s'agit plutôt de contrôler les accès d'un site particulièrement sensible —, il a employé jusqu’à 16 000 personnes à son apogée et peut être considéré, par sa taille et son ancienneté, comme l’un des premiers sites véritablement « industriels » d'Europe.
Plus accessible public, on peut découvrir sa porte terrestre à l'ornementation somptueuse.

Porta da tera — Porte terrestre de l’arsenal


La première période 1457-1460

Son état actuel correspond à la période comprise entre 1457 et 1460 lorsque, sous la direction d’Antonio Gambello l’ancienne entrée au caractère austère sera entièrement remaniée et transformée pour prendre la forme d’un arc de triomphe. On note, au niveau de l’attique, un superbe lion marchant — symbole de la Sérénissime — attribuée à Bartolomeo Bon.




En 1523 suivit la réalisation du hall et des bureaux du magistrat à l’arsenal.

Les suites de la bataille navale de Lepante

En 1571, la suite de la victoire navale obtenue sur la flotte turque lors de la bataille de Lepante, deux victoires ailées furent ajoutées sur les panaches à côté du grand arc central avec l’inscription « VICTORIAE NAVALIS MONIMENTUM MDLXXI » gravée sur l’architrave.
L’ensemble est achevé en 1578 avec l’installation de deux grands vases marmoréens s’élevant sur l’attique et a statue de Sainte-Justine sur le sommet du tympan.

Les modifications de la fin du 17e s.

La porte est modifiée à la fin du XVIIe siècle, pour glorifier les exploits de Francesco Morosini, capitaine général de mer et futur doge, qui reconquit en 1687 la Morée.
Suivant le projet d’Alessandro Tremignon en 1692, le petit pont simple d’accès fut transformé en une splendide terrasse, ceinte d’une grille de huit piliers, chacun décoré par des trophées en relief et coiffé d’une statue allégorique baroque. À droite, à côté de l’entrée, on retrouve Neptune, signé de Giovanni Antonio Comino, puis Bellone, signée de Francesco Cabianca, et encore Vigilance et Abondance ; à gauche, Mars, également de Giovanni Antonio Comino, puis Justice et deux autres statues d’allégorie inconnue. Sur la décoration des piliers, à droite on lit l’inscription : « DVCE INCLITO PAÎTRE ELLE MARIPIETRO ».



En 1692, deux lions colossaux furent placés aux côtés de la terrasse. Il s’agit d’un butin de guerre de Morosini car ils ornaient le port grec du Pirée (ce qui donna le nom porto Lion à l’escalier) et le côté antérieur du sabot de soutien portait une plaque en bronze avec l’inscription :
FRANCISCVS MAUROCENVS POIL
PONESIACVS EXPVGNATIS ATHENIS MER
MOREA LEONVM SIMULACRA TRIUM 
PHALI MANV ET PIRAEO DIREPTA EN 
PATRIAM TRANSTVLIT FVTVRA DE LA VÉNÉTIE 
LEONIS QUAE FVERVNT MINERVAE 
ATTICAE ORNAMENTA

Le lion couché provient de la strada Lepsina, entre Athènes et Éleusis qui portait sur le côté antérieur du sabot de soutien une plaque en bronze :
ATHENIENSIA VENETAE CLASSIS 
TROPHEA VÉNÈTES SENATVS 
DÉCRET EN NAVALIS 
VESTIBVLO CONSTITVTA

Ces deux plaques furent enlevées en 1797 par les Français au cours de la première occupation pour être fondues ; les inscriptions furent alors gravées sur la pierre d’Istrie, aujourd’hui très usée et difficilement lisible.

La porte monumentale de 1694




En 1694, la grande persienne en bois à deux battants qui ferme l’entrée fut rhabillée complètement par de la tôle de cuivre et les battants grandioses du portail furent exécutés en cuivre repoussé avec des trophées d’armes, en souvenir des exploits du doge Francesco Morosini, duquel fut reproduit le blason avec l’inscription : FRAN. MAVROCENVS DVX. Suivent les armes des maisons Marcello, Nani, Giustinian, Mocenigo et Malipiero, pour rappeler les provéditeurs à l’Arsenal Augustin Marcello, Giacomo Nani et Giulio Giustinian, ainsi que les Patrons de l’Arsenal de cette époque Girolamo Mocenigo et Marco Malipiero.

Les deux derniers lions


Le troisième lion, provient de Delos et a été installé en 1716 par Francesco Nani Mocenigo, après sa résistance victorieuse au siège de la forteresse de Corfou par les Turcs. Cette sculpture grecque datée du VIe siècle porte sur le sabot l’inscription : ANNO CORCYRAE / LIBERATE. Toutefois, seul le corps est d’origine.
Le quatrième lion, le plus proche du canal, résulte de l’assemblage de deux sculptures dont la date et la provenance restent inconnues. Sur le sabot se trouve gravé : EX / ATTICIS.

Une muraille d'une richesse inouïe…

 














Dr Balliet J.M. — Leica X1, Venise 2014
Sources : Clichés de l'auteur, texte inspiré de Wikipedia.









Commentaires