Un livre, un jour… Le livre qui révèle des aspects très secrets du système de fortification suisse !

Fraichement sorti des presses helvétiques, cette publication ravira l’amateur de fortifications le plus exigeant en recherche d’exotisme.

En effet, son auteur, Jürgen Trick, propose un ouvrage édité en 2018 par l’Association du musée suisse de l’armée — Verein Schweizer Armeemuseum (VSAM) réalisant une étude très fouillée des obstacles et des coupures, antichar et autres, constitués dans le cadre de la défense du territoire helvétique du début du 20e siècle à ce jour… Toutes ces informations étaient, jusqu’il y a peu, toutes classifiées… L’auteur de l’ouvrage a d’ailleurs largement contribué à sa conception pour la période contemporaine, ce qui confère de facto une connaissance intime du sujet.

Cette thématique, presque inconnue et peu documentée, est d’autant plus importante qu’elle forme une sorte de symbiose avec les nombreux ouvrages de fortification construits partout en Suisse. Le jargon militaire suisse qualifie ces obstacles permanents d’« Omi » — Ouvrage miné — qui correspond à un ensemble d’ouvrages d’art préparés pour la destruction. Connus dès le début du 20e siècle, ces dispositifs seront complétés par de nombreux obstacles et barrages antichars à partir de la Seconde Guerre mondiale. Ils seront largement augmentés durant la période dite de la guerre froide et comprendront plus de 2000 ouvrages minés. Ces obstacles permanents concernaient non seulement les ponts, mais également les routes, les voies ferrées, les tunnels, etc.

Plus surprenant, on réinvente, entre 1934 et 1944, la herse comme obstacle antichar… le résultat est pour le moins surprenant (cf. Sperrstelle Gandria, t. II p. 90-91).  

Rédigé en langue allemande et remarquablement illustré, l’ouvrage est d’ailleurs immédiatement proposé avec un fort complément qui, conjointement, constitue un ensemble de plus 700 pages !

TRICK J. - Wunderwaffen der Schweizer Armee. Thun, Verein Schweizer Armeemuseum (VSAM), 2018 ; in-4, [t. I] 594, [t. II compléments] 192 pp.

Malgré son coût élevé (les frais de port et les droits de douane en double le prix à destination de la France), il s’agit d’un ouvrage que l’on peut recommander sans réserve. À commander sur le site de la VSAM.

Pour en savoir plus, un blogue — world of Teeone… à la découverte du Réduit National  — fournit quelques informations intéressantes et on y apprend, entre autres, que « Le concept de l'omi fût même exploité de  de manière bien plus inédite sur ... des bateaux. Et oui, tous les bateaux de navigation des lacs frontaliers (Constance, Léman, Majeur) avais un "n° d'ouvrage" attribué et étaient pour ainsi dire tous prêts à être couler si le besoins se faisait ressentir »… le sujet est bien évidemment traité dans les ouvrages dont ion propose une recension.

Dr Balliet JM — 19 janvier 2018