Fortifications de Colmar aux 16e et 17e siècles… quelques vestiges contemporains, presque invisibles !

Vestiges du ravelin du moulin de Saint-Guidon

En suivant une partie du cours de la Lauch, dans un secteur moins couru des touristes, celui de la rue Saint-Guidon à l’est de Colmar, subsistent quelques des vestiges particulièrement discrets.

Un autre secteur, à l’inverse du précédent presque un passage obligé pour des nombreux touristes, se situe à proximité de l’embryon de tour médiévale, le « Henckersturm » [ndr Tour du bourreau]. On y découvre la seule canonnière du 16e siècle aujourd’hui conservée à Colmar ! En effet, la municipalité, dirigée à l’époque Gilbert Meyer, a fait disparaître honteusement, c.-à-d. sans aucun respect pour le patrimoine, les deux autres exemplaires longtemps conservés.

Le tracé des anciens fossés est particulièrement visible dans les secteurs sud-ouest et sud de la ville et offre au curieux une belle surprise !  

Encore une fois, l’iconographie colmarienne ancienne se révèle précieuse pour interpréter ces quelques traces anciennes, il s’agit ici d’éléments d’architecture militaire.

Néanmoins, si toutes les sources ne sont pas d’égale qualité, certaines gravures sortent du lot et témoignent d’une précision et d’une richesse inouïes. C’est le cas de deux gravures de référence illustrant d’une part le Colmar du 16e siècle — Sebastian Munster dans les éditions allemandes et latines de la cosmographie universelle publiées en 1548 — et d’autre part Colmar au 17e siècle — illustrée par M. Merian dans Topographia Alsatiæ —.

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Iconographie actuelle [février 2021]

Vestiges du ravelin du moulin de Saint-Guidon.

L’emplacement qui a retenu notre attention appartenait jusque vers le milieu du 16e siècle à l’abbaye de Pairis, qui y avait fait construire au Moyen Âge une petite chapelle dédiée à Saint-Guidon ainsi qu’un moulin homonyme aussi connu sous la dénomination de « Weidenmühle ». Jouissant du droit d’asile pour les personnes coupables d’homicide involontaire, cet enclos était protégé par une extension du mur d’enceinte ; l’on y accédait par une porte spéciale, dite de Saint-Guidon, percée dans le premier rempart de la ville. Dans cet état, elle apparaît encore sur la vue de Colmar publiée par Sebastian Münster en 1548.

Dès 1557, la topographie va être profondément remodelée, la ville ayant acquis ce domaine. La chapelle est démolie en 1617 et le moulin reste seul sur le ravelin aménagé pour lui dans le nouveau système de fortifications élaboré par Daniel Specklin. C’est l’état qu’illustre la vue de Merian d’ensemble de Colmar publiée en 1644. Vendu par la ville en 1793, le moulin Saint-Guidon reste actif au 19e siècle — « le grand foulon à trois tournants » — pour disparaître après le premier conflit mondial.

Aujourd’hui, ce bras de la Lauch est canalisé. Il correspond en réalité à un ancien fossé en eau du front est de Colmar et qui cernait plus particulièrement une demi-lune : le ravelin du moulin de Saint-Guidon (Merian : « Guid. Muhl. ravel. » [47] pour Sankt Guidonis Mühle Ravelin). Parmi le revêtement de la rive gauche de la Lauch, on distingue de gros blocs de grès rose… des vestiges du mur d’escarpe du flanc droit de l’ancien ravelin. C.Q.F.D. !

Anc. fossé et traces du ravelin du moulin de Saint-Guidon

Anc. fossé et traces du ravelin du moulin de Saint-Guidon
Les imposantes pierres de grès rose correspondent aux vestiges Anc. fossé et traces du ravelin du moulin de Saint-Guidon 

Anc. fossé et traces du ravelin du moulin de Saint-Guidon

Anc. fossé et traces du ravelin du moulin de Saint-Guidon

Une embrasure d'artillerie [canonnière] du 16e s.

Souvent masquée par la végétation, cette embrasure disposée en arrière de la tour médiévale, le Henckersturm qui couvre l'entrée des eaux de la Lauch au niveau de l’enceinte médiévale, se trouve intégrée dans un mur d’habitation. Souvent masquée, en fonction des époques, par une couverture végétale, elle n'est parfaitement visible que de manière fortuite et passe, le plus souvent, inaperçue.

S’agit-il d’un élément d’un ancien système de défense — couverture d’un point faible de l’enceinte — ou d’un réemploi, il m’est impossible, sans réaliser un examen plus approfondi, d’en juger et je n’ai pu trouver aucune source imprimée, ancienne ou actuelle, qui traite de manière pertinente du sujet.

La seule tour d’importance conservée de l’enceinte médiévale de Colmar… le Henckersturm (tour du bourreau). Elle couvrait l’entrée des eaux de la Lauch dans la ville. Pour interrompre cet accès, le rempart était remplacé, à cet endroit, par deux arches munies de grilles (cf. extrait de la gravure de S. Munster, 1548).

Entrée de la Lauch dans Colmar - Henckersturm (S. Muster, 1548 - fonds Dr Balliet)
Entrée de la Lauch dans Colmar - Henckersturm (S. Munster, 1548 - fonds Dr Balliet)

Henckersturm d'après M. Merian [1644]
Henckersturm d'après M. Merian [1644]

henckers Turm — perspective normale, vue du sud-ouest [Merian, 1644]
Henckersturm — perspective normale, vue du sud-ouest [Merian, 1644]

Henckersturm (tour du bourreau)

Henckersturm (tour du bourreau)

La canonnière, presque ignorée de tous, et la seule conservée aujourd'hui après la destruction des deux autres antérieurement conservées dans le secteur de la Montagne Verte. Souvent masquée par la végétation, elle ne s'offre au regard du curieux qu'en de (trop) rares occasions. 

Canonnière disposée en retrait du Henckersturm (tour du bourreau)

Canonnière disposée en retrait du Henckersturm (tour du bourreau)

Canonnière disposée en retrait du Henckersturm (tour du bourreau)

D'anciens fossés des fortifications de Colmar.

Parallèlement à la partie du boulevard du champ de Mars qui se poursuit par le boulevard Saint-Pierre, on peut observer non seulement de fortes déclivités qui correspondent au tracé de l'ancien fossé mais également, entre la rue des Américains et la rue Roosevelt, la subsistance d'un ancien fossé en eau !

De fortes déclivités qui correspondent au tracé des fossés
De fortes déclivités qui correspondent au tracé des fossés

Fossé en eau, entre la rue des Américains et la rue Roosevelt
Fossé en eau, entre la rue des Américains et la rue Roosevelt

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La ville de Colmar au 16e siècle illustrée par S. Munster

Colmar dans la Cosmographie universelle de S. Munster.

Au milieu du 16e siècle encore, Colmar conserve intacts tous les traits de la cité médiévale. S. Munster offre la première représentation connue de la ville de Colmar réalisée sous la forme une gravure sur bois publiée pour la première fois en 1548. Cette date apparaît dans la première édition pour se voir remplacée ultérieurement (en 1554, dans la 4e édition, posthume ?), par le monogramme ILM qui n’a pas pu être attribué avec certitude. 

Il est utile de revenir sur la réalisation de cette gravure. C’est sur la sollicitation de S. Munster, géographe et hébraïsant de renom, que le magistrat de Colmar fait exécuter la gravure, accompagnée d’une courte notice descriptive rédigée par l’obristmestre Jérôme Boner lui-même, un lettré confirmé venant d’achever une traduction de Plutarque. On doit souligner que le soin de réaliser cette première vue de Colmar a été pris en charge financièrement par le conseil de la ville, soucieux d’ajuster le prestige et la renommée à la prospérité alors croissante de la plus grande des cités de la Décapole alsacienne !

Ainsi, rien d’étonnant à ce que le commentaire ignore l’enchevêtrement des venelles tortueuses, étroites et sales propres aux espaces urbains contemporains, pour adopter un caractère laudatif. C’est ce que rappelle notamment un passage de la version française due à Belleforest [1597] : « Colmar est une plaisante cité… Elle est située en une plaine fertile, loing des montagnes, du chemin d’une heure, ayant de toutz costez grand’ quantité de vin et de bléd, et la terre est principalement bonne à porter fourmentz, oignons et aultres jardinages. Cette cité tient le milieu d’Alsace et est distante d’une lieue germanique de Keisersperg, Ammersweiler, Rechenwyer et Rapoltz-weyer, esquels lieux croist fort bon vin et qui est le plus excellent qui se trouve en Alsace ».

Cette vue figurera jusqu’en 1628, sans modifications majeures, dans toutes les rééditions et traductions successives de la Cosmographie ; les seules différences affectent la légende. Cette vue sera amplement copiée ou démarquée dans différents autres ouvrages dont aucun ne tiendra compte des importantes modifications de l’aspect général de la ville survenues à la fin du 16e s.

En dépit de ses imperfections et d’une perspective encore maladroite — les témoins d’une époque où la réalisation de tels documents relève d’un défi technique —, ce document de premier ordre est précieux pour la connaissance de la topographie urbaine et périurbaine de Colmar au milieu du 16e siècle.

MUNSTER (S.), BELLEFOREST (F. de) - La cosmographie universelle de tout le monde : en laquelle, suivant les auteurs plus dignes de foy, font au vray descriptes toutes les parties habitables, et non habitables de la terre, et de la mer, leurs ssiettes et choses qu'elles produisent, puis la description et peincture topographique des regions, la difference de l'air de chacun pays, d'où advient la diversité tant de la complexion des hommes que des figures des bestes brutes…. Tome 1 / auteur en partie Munster ; mais beaucoup plus augm., ornée, et enrichie par François de Belle-Forest…. Paris, Nicolas Chesneau et Michel Sonnius, 1575 ; in-folio, plusieurs centaines de ff.

MUNSTER (S.), BELLEFOREST (F. de) - La cosmographie universelle de tout le monde [1548]

MUNSTER (S.), BELLEFOREST (F. de) - La cosmographie universelle de tout le monde [1548]
Colmar en 1548 d'après S. Munster — édition française de Belleforest (fonds Dr Balliet)

Descriptif sommaire (d’après Heck C. & Schmitt in Colmar. Panorama monumental…)

« La ville apparaît en vue à vol d’oiseau prise de l’ouest, entourée de son enceinte médiévale garnie de tours rondes et carrées. Autour d’elle gravitent, minuscules, les nombreuses localités voisines. Suivant les habitudes de l’époque, la puissance de la cité s’exprime surtout par le nombre des tours et clochers : portes fortifiées, bastions crénelés, tours des remparts, double clocher de l’ancienne église Saint-Pierre, clochetons des différents couvents. Au centre de la ville trône, avec une taille disproportionnée, la collégiale Saint-Martin dont la tour est encore surmontée de l’ancienne flèche gothique, à la base entourée de statues, et qu’un incendie détruira en 1572. Elle apparaît couronnée d’une étoile qui la fait étrangement ressembler à la masse d’armes ornant le blason de la cité

On découvre hors les murs, dans un lacis de chemins et de rivières, nombre d’édifices aujourd’hui disparus : la « Feldkirch », église mère (?) des environs de Wettolsheim (en bas vers le centre) ; certains moulins s’égrenant sur le Logelbach, comme la papeterie et l’aiguiserie (en remontant vers la gauche) ; l’ancien cimetière Sainte-Anne avec sa chapelle et son calvaire puis, non loin, le sinistre gibet ; la chapelle du Rosenkranz, la léproserie, et le château de Horbourg (en haut) ; l’enclos de l’église de Theinheim, celui de la chapelle et du moulin de Saint-Guidon et (plus bas, à droite, en dessous de Sundhoffen et de Logelheim), la petite chapelle Saint-Marc rappelant l’emplacement du village disparu de Blieschwihr ; enfin (dans le coin droit en bas), l’abbaye de de Marbach. »

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Colmar dans la première moitié du 17e siècle… la place forte impériale illustrée par M. Merian.

Au regard des évolutions de l’art militaire, plus particulièrement celles de l’artillerie, l’enceinte médiévale ne saurait convenir plus longtemps au maintien d’une importante position impériale au centre de la plaine d’Alsace. La réécriture du système défensif de Colmar est confiée, à partir de 1579, au célèbre ingénieur et architecte strasbourgeois Daniel Specklin qui, s’il n’intervient que de manière marginale à Strasbourg, réalise un projet d’ampleur à Colmar !

Pour appréhender les réalisations de Daniel Specklin et la situation de Colmar, avant que la politique d’annexion de Louis XIV dite « des Réunions » ne vienne bouleverser le paysage, on doit se référer essentiellement aux illustrations publiées dans l’œuvre magistrale de Matthaeus Merian, plus particulièrement la Topographia Alsatiae (Francfort, 1644) qui constitue la troisième partie de la Topographia Germaniæ.

Matthaeus Merian — Topographia Alsatiae (1644)

Œuvre maîtresse de Matthaeus Merian, ancien graveur bâlois établi comme libraire à Francfort sur le Main, elle inaugure « ce que l’on pourrait appeler la seconde génération de vues d’ensemble de la ville de Colmar après celle de S. Munster » [Heck C. & Schmitt J.M.]. Alors que S. Munster gravait nécessairement sur bois, Merian profite des avancées techniques et, plus particulièrement, la gravure sur cuivre qui permet une finesse sensiblement accrue du trait.

[MERIAN] - MERIANUM (Matthæum) - Topographia Alsatiæ, &c. Das ist Beschreibung und eygentliche Abbildung der vornehmbsten Stätt und Oerther / im Obern und Untern Elsass / auch den Benachbarten Sündgau / Brisgau / Graffschafft Mümpelgart / und andern Gegenden. Frankfurt am Mayn, Wolffgang Hoffmanns, 1644 ; in-4, 2 ff.n.ch., 53 pp., 3 ff.n.ch.

Une première vue avait été exécutée dans le cadre de la préparation de la Topographia Germaniæ (1642-1656) de Merian d’après un dessin à la plume de Jean-Jacques Arhardt, architecte de la ville de Strasbourg, qui montre l’aspect du front nord de la ville derrière ses fortifications de la fin du 16e siècle. Elle ne sera toutefois pas publiée. 

Une autre gravure, toujours selon une perspective normale, mais illustrant la situation vue du sud-ouest, et la première des deux vues de Colmar est publiée dans la Topographia Alsatiae (1644). Elle se révèle d’une qualité et d’une précision jusqu’alors inégalées. Cette illustration au format oblong propose un titre dépourvu d’ambiguïté — « Colmaria civitatis imperialis » — alors que la guerre de Trente Ans avait déjà ravagé l’Alsace !

Colmar, vue du sud-ouest (M. Merian, 1644)
Colmar, vue du sud-ouest (M. Merian, 1644)

La seconde gravure sur cuivre est sans doute la plus saisissante des vues anciennes de la ville et figure, sans chauvinisme outrancier, au rang des plus belles réalisations de Merian ! La ville n’occupe cependant que la partie centrale d’une représentation panoramique de la Haute Alsace, depuis le nord de Colmar jusqu’aux confins du Sundgau alors que tours de la ville de Bâle et les Alpes suisses se profilent à l’horizon. À l’est et à l’ouest, on découvre respectivement les sommets de la Forêt-Noire, et les collines sous-vosgiennes desquelles jaillissent les rivières qui rejoignent au nord-est la majestueuse cité de Colmar.

Colmar, vue d'oiseau du nord vers le sud (M. Merian, 1644)
Colmar, vue d'oiseau du nord vers le sud (M. Merian, 1644)

Dans un phylactère déployé de part et d’autre d’une composition armoriée laurée — les armes des dix villes de la décapole —  par deux angelots, figure l’intitulé de la gravure : « Des heiligen römischen freyen Reichs Statt Colmar im obern Elsass - 1643 ». Il s’agit ici d’un message politique puisque l’autonomie de la cité et son appartenance au Saint-Empire sont clairement exprimées, comme pour conjurer les menaces que fait planer sur elles la « protection » des troupes suédoises puis françaises qui occupent successivement la ville de 1632 à 1635 et de 1635 à 1649.

Au bas de cette gravure, un grand cartouche porte une dédicace de Merian au Magistrat de Colmar : à l’instar de ce qui avait été réalisé près d’un siècle auparavant, la ville de Colmar avait contribué financièrement à la réalisation des vues de la ville.

Colmar, dédicace de M. Merian (1644)
Colmar, dédicace de M. Merian (1644)

De part et d’autre, la légende ne signale pas moins de 54 édifices numérotés sur la vue. Toutefois, seuls les édifices religieux, disproportionnés suivant les standards de l’époque sur la gravure, sont nettement reconnaissables et détaillés.

L’intérêt majeur de cette œuvre réside ainsi dans la représentation très minutieuse des fortifications.

Introduction aux fortifications de Colmar dans la première moitié du 17e siècle.

Colmar, vue d'oiseau du nord vers le sud (M. Merian, 1644) — détails
Colmar, vue d'oiseau du nord vers le sud (M. Merian, 1644) — détails


De l’intérieur vers l’extérieur de la ville…

 L'enceinte médiévale garnie de huit grandes tours de défense et de trois portes fortifiées est déjà déjà fortement remaniée et comporte déjà quelques bastions ; 

 La nouvelle enceinte s'appuyant sur un tracé bastionné et réalisée selon les plans Specklin. Elle double l’enceinte médiévale dont elle est séparée par des fossés en eau. Elle comporte des bastions dont cinq sont couronnés par autant de cavaliers (un remblai surélevé, éventuellement garni de pièces d’artillerie).

 Un second fossé en eau, essentiellement alimenté par le Muhlbach et la Lauch.

 Il est précédé de treize demi-lunes (ravelins) viennent couvrir les courtines de l’enceinte. Elles sont toutes cernées par des fossés en eau.

Enfin, deux redoutes (probablement des ouvrages de terre) sont disposées au sud-ouest de la place, l’une au lieu-dit Erlen (aujourd’hui au débouché de la route de Rouffach), l’autre au voisinage d’Eguisheim.

À l’instar de la gravure de S. Munster, les deux vues de Colmar connaissent également un succès durable ainsi qu’en témoignent les nombreuses copies qui, de facto, ignoreront les profondes mutations de l’espace urbain dû, entre autres, à la destruction complète de l’enceinte de Specklin selon les ordres de Louis XIV pour ne conserver qu’une enceinte légère sans aucune valeur militaire.

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Orientations sitologiques

Cf. un billet rédigé antérieurement sur ce blogue et régulièrement revu et augmenté…

FORTIFICATIONS DE COLMAR — FORTIFICATIONS : DISPOSITIONS INSOLITES OU MÉCONNUES (15)

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Orientations bibliographiques

HECK C., SCHMITT J.M. - Colmar. Panorama monumental et architectural des origines à 1914. Strasbourg, Contades, 1983 ; in-4, 350 pp. 

Cet ouvrage peut être considéré comme une référence, non seulement à propos de l’étude du patrimoine architectural de la ville de Colmar et ses évolutions, mais également au regard de l’analyse extrêmement fine et pertinente d’un corpus de gravures du 15e siècle à l’époque contemporaine. À ce titre, cet ouvrage est exemplaire et beaucoup de monographies portant sur des espaces urbains pourraient utilement s’en inspirer.

KLEIN A. - Les remparts de Colmar. Témoins de l'histoire d'une ville jadis libre et impériale. Strasbourg, Do Bentzinger, 2015 ; in-4, 63 pp. 

Le sujet est certes original et, au regard de la paucité des sources disponibles, assez difficile. Il s'agit toutefois plus d'une publication au caractère descriptif (dessins et gravures) alors que l'ensemble prend in fine la forme d'un guide. Si on trouve quelques éléments inédits ou peu connus particulièrement bienvenus, il y aurait eu matière — surtout pour la période correspondant à celle de la fortification bastionnée — à nombre de développements. On peut noter que l'auteur, nullement spécialisé dans le domaine, aurait pu utilement s'appuyer sur quelques spécialistes dans le domaine des fortifications. In fine, cet ouvrage, malgré ses limites, se révèle d'un apport précieux !

[MERIAN] - MERIANUM (Matthæum) - Topographia Alsatiæ, &c. Das ist Beschreibung und eygentliche Abbildung der vornehmbsten Stätt und Oerther / im Obern und Untern Elsass / auch den Benachbarten Sündgau / Brisgau / Graffschafft Mümpelgart / und andern Gegenden. Frankfurt am Mayn, Wolffgang Hoffmanns, 1644 ; in-4, 2 ff.n.ch., 53 pp., 3 ff.n.ch. 

Matthias Merian, dit l’Ancien [1593 — †1650) se fait remarquer dès l’âge de vingt-trois ans il se fit remarquer en éditant à son compte un grand plan de la ville de Bâle. En 1623, il s’établit à Frankfurt am Main comme graveur sur cuivre, dessinateur et éditeur indépendant. Il se spécialise dans l’illustration de la Bible et les ouvrages de voyages dont l’œuvre maîtresse fut la « Topographia Germaniae » qui ne compte pas moins de seize tomes ! Sous la direction de Martin Zeiler (1589 — †1661), rédacteur des textes, une équipe de géographes parcourut le Saint-Empire pour dresser les plans de toutes les villes et les restituer sous la forme de perspectives cavalières. Il inaugure ainsi une nouvelle génération d’illustrations qui succèdent à celles proposées par Sebastien Munster dans sa Cosmographie universelle (1548) : les vues proposées sont, dans l’ensemble, d’une qualité et d’une richesse dans le détail jusqu’alors inégalées. L’Alsace bénéficie de soins tous particuliers puisqu’un ouvrage particulier « Topographia Alsatiae » lui est dédié avec une extrême précision à l’exception de la représentation du château du Fleckenstein qui reprend simplement le dessin de Specklin publié dans son Achitectura von Festungen. Aux illustrations de deux villes — Colmar et Breisach — correspondent sans aucun doute les gravures parmi les plus saisissantes dans l’impressionnant corpus d’illustrations publiées par Merian ! Outre les aspects artistiques, l’intérêt majeur de ces œuvres réside dans la représentation très minutieuse des fortifications ce qui ne peut que satisfaire les chercheurs souvent confrontés à des illustrations au caractère approximatif. Cet exemplaire est complet des 36 planches et des 3 planches supplémentaires comprises dans le supplément. Il s’agit des planches illustrant Kientzheim, Ammerschwihr et Kaysersberg, puis Ribeauvillé et Soultz, et enfin, Dambach et Landskron. Ce grand livre de topographie réalise un alsatique parmi les plus importants puisque c'est le premier ouvrage de géographie décrivant l’intégralité de l’Alsace !

MÜNSTER (S.), BELLEFOREST (F. de) - La cosmographie universelle de tout le monde : en laquelle, suivant les auteurs plus dignes de foy, font au vray descriptes toutes les parties habitables, et non habitables de la terre, et de la mer, leurs ssiettes et choses qu'elles produisent, puis la description et peincture topographique des regions, la difference de l'air de chacun pays, d'où advient la diversité tant de la complexion des hommes que des figures des bestes brutes…. Tome 1 / auteur en partie Munster ; mais beaucoup plus augm., ornée, et enrichie par François de Belle-Forest…. Paris, Nicolas Chesneau et Michel Sonnius, 1575 ; in-folio, plusieurs centaines de ff. 

Traduction française de l'ouvrage de S. MUNSTER édité en 1548 par François de Belleforest [1530-1583]. Exemplaire orné de très nombreuses gravures sur bois dont une planche tout à fait remarquable illustrant l’invention de l’artillerie en Allemagne. Tout l'intérêt de cet ouvrage pour les chercheurs dans le domaine des fortifications réside dans la richesse des illustrations : souvent parmi les premières connues d'une ville.

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Dr Balliet J.M. (texte, ouvrages & fonds iconographique)

À Colmar, le 1er mars 2021.



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