1914-1918 Défense antiaérienne rapprochée de Neuf-Brisach (« Festung Neu-Breisach ») — Fortifications : dispositions insolites ou méconnues (17)
Neuf-Brisach et la menace aérienne, 1910-1918
Neuf-Brisach, alors une importante place forte allemande — Tête de pont de Neuf-Brisach i. e. Brückenkopf Neubreisach — jouait un rôle important sur le plan logistique durant le primer conflit mondial. Toutefois, avant la guerre, un aérodrome avait été construit à peu de distance du corps de place, le long du canal du Rhône au Rhin qui connaîtra, pendant les années de guerre, un développement important.
Cette situation ne pouvait qu’attirer l’attention des Français qui envoyèrent de nombreux vols de reconnaissance… apparemment avec prudence puisque les clichés ont été réalisés à une altitude comprise entre 4500 m et 5000 m d’altitude, bien au-delà des capacités de la défense antiaérienne contemporaine.
Un affût pour mitrailleuse antiaérienne original
Par ailleurs, dès les années 1910, les Allemands étaient conscients de la menace aérienne. Il s’agissait alors essentiellement de la menace posée par les ballons d’observation mis en œuvre lors d’un siège. Mais, de toute évidence, on avait intégré la menace que poseraient des vols de reconnaissance réalisés à moyenne et basse altitude (les appareils en service ne disposaient, à cette époque, d’aucun armement adapté).
Les troupes chargées de la mise en œuvre des ballons d’observation étaient déjà au fait de la menace d’une action adverse contre leurs propres ballons. En conséquence, puisqu’ils assuraient leur autodéfense en cas de menace aérienne, ils avaient développé très tôt des affûts pour mitrailleuse adaptés au tir antiaérien.
Dans cet état d’esprit, un affût pour mitrailleuse très particulier avait été développé par les aérostiers — Luftschiffertrupps — dépendants du 14e corps d’armée dont certains étaient affectés à Neuf-Brisach. C’est ainsi qu’on trouve dans un album photographique du fonds du Generalkommando XIV. Armeekorps, outre une série de clichés de détails des ouvrages de fortification de Neuf-Brisach, un prototype de socle en béton servant d’affût antiaérien pour une mitrailleuse de type MG 08.
Maschinengewehr zur Flugabwehr auf Betonlaffette (1912) (Mitrailleuse antiaérienne sur socle en béton)
Portfolio : Maschinengewehr zur Flugabwehr auf Betonlaffette (1912).
D'après un document du Landesarchiv Baden-Württemberg — Generallandesarchiv Karlsruhe, série 456 F 5 Generalkommando XIV. Armeekorps: Frieden und Abwicklung / 1865-1914, 1918-1921. Akten der Abteilung I c Festungsangelegenheiten. Titre : Ausbildung und Verteilung von Festungsformationen.
Par contre, cette arme était refroidie par eau et pour un usage un tant soit peu prolongé, il fallait utiliser un réservoir additionnel qui était alors posé sur une plateforme en bois fixée au socle en béton au moyen de deux tiges filetées et leurs écrous.
Dans les très nombreux clichés illustrant une M08 sur affût antiaérien qui figurent au sein de notre fonds, on trouve une pléthore de solutions de circonstance…
Description.
Il offrait une plateforme très stable, mais suffisamment mobile suivant les critères de l’époque, elle permettait en outre des tirs tous azimuts. Destinée à une mitrailleuse de type MG 08, elle était dédiée à la défense antiaérienne rapprochée. À cet effet, on avait développé un affût particulier disposé sur un axe métallique scellé dans le socle en béton. Il permettait d’accueillir, outre la mitrailleuse, la lourde caisse à munitions modèle 1911 (2 bandes de 250 cartouches).Par contre, cette arme était refroidie par eau et pour un usage un tant soit peu prolongé, il fallait utiliser un réservoir additionnel qui était alors posé sur une plateforme en bois fixée au socle en béton au moyen de deux tiges filetées et leurs écrous.
Dans les très nombreux clichés illustrant une M08 sur affût antiaérien qui figurent au sein de notre fonds, on trouve une pléthore de solutions de circonstance…
MG 08 auf Doppellafette u. hlz. Notlafette |
En l'état la seule illustration de l'affût pour mitrailleuse qui nous soit connue…
Une mise en œuvre effective… à Neuf-Brisach !
Si on aurait pu douter de son usage effectif, la réalité est toute autre puisque des vestiges correspondants étaient visibles sur les remparts de Neuf-Brisach jusqu’il y a peu !
Ils étaient disposés sur la courtine des fronts 4-5 et 5-6 (à gauche de la porte de Strasbourg).
Ils étaient disposés sur la courtine des fronts 4-5 et 5-6 (à gauche de la porte de Strasbourg).
Ce socle correspond parfaitement à celui illustré en 1912…
D'autres vestiges…
Plusieurs autres socles en béton étaient présents sur le même site (front 5-6). S'il est probable qu'ils soient contemporains et possiblement affectés à un usage similaire, on ne dispose aujourd'hui, aucune information à leur propos.
Aujourd'hui… des vestiges disparus.
Nota : Ces vestiges, comme, malheureusement, bien d’autres à Neuf-Brisach, ont disparu du jour au lendemain en 2008… On aurait pu aisément sauvegarder l’exemplaire le mieux conservé ! Hélas, aujourd’hui, il ne reste plus que ces quelques clichés !
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