De l'intérêt des nouvelles techniques d'imagerie pour l'étude des fortifications.

L'intérêt des prises de vues aériennes est connu de longue date par les archéologues et aujourd'hui ce type de ressources est aujourd'hui assez aisément accessible au moyen, par exemple de Géoportail voire de Google maps. Outre l'accessibilité presque universelle, la qualité des prises de vues a fortement évolué durant ces dernières décennies, ce qui lui confère un intérêt accru. 

Bien évidemment d'autres moyens relevant de l'imagerie aérienne ou satellitaire sont utilisés par les archéologues pour orienter leurs fouilles. C'est notamment le cas de l'imagerie utilisant les longueurs d'onde au-delà du visible — le spectre infrarouge — qui offre un niveau de performances très intéressant.

Toutefois, le potentiel archéologique des zones couvertes, les forêts, ou semi-urbaines est difficilement mis en valeur par ces techniques. Pourtant, ces localisations sont particulièrement intéressantes notamment en raison de la bonne conservation des vestiges sous forme de microreliefs,

Une méthode de télédétection assez récente, mais qui se démocratise désormais assez rapidement, utilise un scanneur laser aéroporté (LIDAR) qui, en s’affranchissant d’une partie des contraintes physiques, permet le repérage et la cartographie des vestiges et, pour le domaine qui nous intéresse, des fortifications.

Secteur de Freiburg i. B.… cette redoute située dans une zone boisée est presque invisible sur des clichés standards (source  Geoportal Baden-Württemberg)

Cette technique ne se limite pas à la fortification permanente mais se révèle particulièrement utile pour étudier des installations relevant de la fortification improvisée ou semi-permanente telles des redoutes, des forts isolés construits il y a parfois plusieurs siècles à l'aide de masses de terre et dont le seul souvenir correspond, parfois, seulement à un lieu-dit.

Cependant, plus qu'un long discours — ce n'est pas la forme privilégiée d'un billet publié sur un blog —, nous complèterons notre propos à l'aide d'une série d'exemples concrets couvrant un spectre étendu dans le domaine des fortifications.

Une place fortifiée par Vauban… Freiburg im Breisgau.

Pour plus de précisions sur cette place, cf. un billet antérieur : Une contribution méconnue de Vauban : les fortifications de Fribourg (Freiburg im Breisgau)

Les vestiges du fort Saint-Pierre, aujourd'hui peu visibles, sont parfaitement lisibles sur la vue réalisée par LIDAR. Incidemment, elle permet d'apprécier la précision du tracé du plan manuscrit signé par Hancko (s.d. vers 1740, fonds Dr Balliet).

Forts de l'Aigle, Carré et St-Pierre à Freiburg i.B. (LIDAR source Geoportal BW, plan Ms. fonds de l'auteur)

En zone urbanisée… Une lecture plus difficile : L'exemple de Breisach m Rhein.

Probablement, une résolution plus élevée aurait amené des détails supplémentaires.

Breisach a. Rhein, fortifications du 17e, traces de l'importante enceinte bastionnée. (LIDAR source Geoportal BW)

Fortification de la fin du 19e : Isteiner Klotz et Kehl.

Dans les deux cas, les fortifications ont été rasées (forts de Kehl, dans les30 et Isteiner Klotz après le 2e conflit mondial).
L'intérêt est certainement moindre par rapport aux périodes antérieures ne serait-ce que par la qualité des cartes dont on dispose à cette époque. Pourtant, dans certains secteurs, de nombreux travaux souvent moins bien documentés, ont été réalisés lors de la mise en état de défense… Le LIDAR devrait alors se révéler comme plus contributif.

Fortifications de l'Isteiner Klotz, près de Bâle. (LIDAR source Geoportal BW)

Enceinte de Strasbourg, un des forts sur la rive droite du Rhin (rasé). (LIDAR source Geoportal BW)

Ligne Maginot — Ouvrages de berge (Strasbourg Sporen Insel)

Deux casemates de berge — Sporeninsel, Strasbourg — sont visibles… lorsque leur localisation est connue ! (LIDAR source Geoportal BW)

Quant aux ouvrages plus récents tels que les ouvrages allemands du Westwall, ils sont presque invisibles au LIDAR. C'est probablement le reflet des effets conjoints d'une résolution LIDAR assez faible et de la petite dimension des ouvrages. Une imagerie des gros ouvrages de ligne Maginot devrait être plus conclusive mais l'absence de clichés disponibles ne nous permet malheureusement pas de conclure.

Dr Balliet — janvier 18