Le château du Landsberg — « Fleuron de l'architecture castrale de la période romane en Alsace »
Abrégé historique.
Le château occupe le sommet d’un promontoire du massif du Mont Sainte-Odile et fait partie des rares châteaux dont la date de construction est connue avec précision. En 1200, le chevalier Conrad obtient de l’abbesse de Niedermunster le terrain sur lequel s’élève sa résidence et l’édification du château primitif peut donc placée précisément entre 1197 et 1200. Le Landsberg devait protéger les biens d’Empire autour de Barr.
Le Landsberg fait l’objet d’importants travaux vers le second quart du XIIIe siècle. En 1322, les Landsberg s’allient à la ville de Strasbourg et lui ouvrent les portes du château, dans lequel des travaux semblent avoir été entrepris à la fin du XIVe siècle [Rudrauf, Mendus, p.190].
En 1412 et en 1414, ils cèdent le château en gage au comte palatin qui cherche à renforcer sa position. Dans ce début du XVe siècle marqué par l’importance croissante des armes à feu, le château apparaît avoir connu une nouvelle campagne de travaux : il s’agit essentiellement de la construction d’une basse-cour adaptée à l’usage d’armes à feu.
Toutefois, le château perd de sa valeur dès le début du XVIe siècle et semble commencer à s’effondrer [Rudrauf, Mendus, p.191]. Quelques bâtiments seront encore occupés par un garde-forestier au moins jusqu’en 1733.
Aperçu architectural
Landsberg occupe un étroit affleurement de granite d’une trentaine de mètres de large pour une centaine de mètres de grand axe. La totalité des parements des murs est construite avec du grès extrait à proximité. Au pied du rocher s’étend un grand plateau dont une partie est ceinte d’un mur de pierres sèches sans qu’on en connaisse, aujourd’hui, la destination précise. L’autre partie forme une vaste esplanade.
On distingue trois parties :
• Le haut château (i. e. château primitif) datant du XIIe s.
• Une vaste extension vers l’ouest flanquée de deux tours rondes. Milieu du XIIIe s.
• Une basse-cour sur les côtés et le sud-est.
Le haut château prend la forme d’un polygone irrégulier. Il se compose…
- D’un donjon carré présentant un angle vers l’éventuel front d’attaque. Il présente des traces de solins de toiture correspondants à des bâtiments d’habitation. Il comportait trois étages et le seul accès se faisait par l’intermédiaire d’une poterne située au deuxième étage. On y pénétrait par l’intermédiaire d’une passerelle qui pouvait être rabattue dans le cadre rectangulaire qui entoure la poterne ;
- Il se raccorde de part et d’autre à un mur d’enceinte qui servait également de façade au logis seigneurial ;
- La surface restante formait une petite cour intérieure.
- L’accès s’effectue par une porte en ogive, associée à une petite fenêtre en plein cintre surmontée d’un oriel servant d’autel à une chapelle. De part et d’autre sont aménagées deux fenêtres géminées en plein cintre, dont les niches intérieures reposent sur une élégante colonnette centrale. Le mur nord comprend quatre fenêtres géminées ainsi que des fentes d’éclairage destinées à éclairer la cave.
Donjon
Donjon carré présentant un angle vers l’éventuel front d'attaque. Il présente des traces de solins de toiture correspondants à des bâtiments d'habitation. Une bretèche couvre la poterne d'accès au donjon.
Le seul accès se faisait par l'intermédiaire d'une poterne située au deuxième étage. On y pénétrait par l'intermédiaire d'une passerelle qui pouvait être rabattue dans le cadre rectangulaire qui entoure la poterne.
Enceinte — Oriel
La porte du haut château est dominée par l’oriel de la chapelle, qui devait assurer une protection symbolique de l’entrée, alors que la protection de nature militaire était prodiguée, au niveau supérieur, par une bretèche portée par des consoles en encorbellement.
Détails de l'oriel… Fleur de lys (symbole de pureté) et un curieux personnage (armé d'une épée ?)…
L'oriel vu de l'intérieur du logis — Sur le côté droit, une petite armoire destinée à supporter les objets du culte. On distingue également les restes d'un bénitier.
Les pierres des chaînages d’angle sont plus longues et plus massives. Elles assurent une meilleure assise au donjon. On distingue encore de nombreux graffitis de l'époque médiévale dont une corne d'abondance (?).
Logis seigneurial
Les fenêtres de la salle de l'aile septentrionale des logis seigneuriaux.
L’extension ouest (vers 1250).
Flanquée de deux tours circulaires disposées aux angles. Elle comprend un grand logis. Les murs extérieurs sont percés de fentes de tir et, à l’étage des bâtiments ont distingue encore l’emplacement de fenêtres qui ont été murées tardivement.
Vestiges d'un escalier conduisant au parapet du rempart…
Les modernisations du 14e s. et du début du 15e s.
- 14e s. : construction de fausses braies sur l’escarpe du fossé
- 15e s. : adaptation à l’usage de l’artillerie : une exceptionnelle canonnière à volet, une poivrière et de faux mâchicoulis sont érigés à l’angle sud du château, ainsi qu’une nouvelle rampe d’accès du côté nord.
Une très rare canonnière à volets…
Une embrasure depuis la basse-cours…
Vue aérienne… vidéo.
Outre les châteaux du Mont Sainte-Odile, se profilent, plus au sud, les châteaux d'Andlau, du Spesbourg et du Haut-Kœnigsbourg.
Bibliographie.
Deux ouvrages de très grande qualité… incontournables !
BISCHOFF G., RUDRAUF J.M. Les châteaux forts autour du mont Sainte-Odile. La couronne de pierre des ducs d'Alsace. Bernardswiller, I.D. l'Édition, 2019.
MENGUS N., RUDRAUF J.M. Châteaux forts et fortifications médiévales d'Alsace. Dictionnaire d'histoire et d'architecture. Strasbourg, La Nuée Bleue, 2013.
Dr Balliet J.M. — 1er novembre 2019
Commentaires
Frederik