Forts de Joux, du Larmont inférieur et al. : une anthologie de la fortification française. 2e partie.
Si, dès l'origine, le fort de Joux était disposé pour contrôler la cluse adjacente, la topographie corrélée aux évolutions de l'artillerie le rendent particulièrement à l'occupation du plateau du Larmont par un adversaire. Ce sera tout particulièrement le cas en 1814, où les Autrichiens venant de Suisse y prirent position alors que les troupes suisses adoptèrent, toujours avec succès, une stratégie identique en 1815. Surplombant — le terme militaire correspondant est celui de « commandant » — le fort de Joux et à peu de distance de ce dernier, les batteries autrichiennes se révélèrent particulièrement efficaces !
À la suite du traité de Londres du 15 juillet 1840 signé par la Grande-Bretagne, la Prusse, la Russie et l'Autriche d'une part et l'Empire ottoman d'autre part tout en excluant la France, cette dernière se sent menacée. On décide alors d'un important programme de fortifications qui, commencé sous la Restauration, n'aboutira que sous le Second Empire. Dans ce programme, on retient habituellement les fortifications de côte alors que les efforts consentis par ailleurs en matière de fortifications se révèlent colossaux. Pour mémoire, car la liste serait longue, on peut citer les fortifications de Paris (1841), de Lyon (1831, repris à partir de 1840) et de très nombreux compléments (exp. enceinte urbaine et fort St Sébastien à Biche) ou réfections (exp. Neuf-Brisach, Strasbourg). Les travaux sur le Larmont s'inscrivent dans cette perspective : il s'agit d'installer un fort sur le versant de la cluse opposé au fort de Joux afin d'interdire l'installation de batteries de sièges.
Mise en bouche… ballade aérienne autour du fort du Larmont [2017]
Les forts du Larmont inférieur et du Larmont supérieur.
Fort du Larmont inférieur |
La cluse… Détails du corps de garde crénelé, le retranchement du Chauffaud. |
Front est — Casemates d'artillerie |
Galerie de fusillade et coffre de contrescarpe |
Front de gorge |
Après le désastre du conflit franco-prussien de 1870-71, la France doit reconstituer un rideau défensif sur ses frontières nord-est et entreprend le renforcement de ses autres frontières. Dans le secteur de Pontarlier et, plus particulièrement celui du fort de Joux, le dispositif défensif est complété, en 1879 par la construction sur le plateau du Larmont d'un fort du modèle Séré de Rivière : le fort du Larmont supérieur — dénomination Boulanger « Fort Catinat — qui doté d'un armement moderne permet, avec le fort de Joux et les autres ouvrages de la place de Pontarlier de réaliser une barrière défensive d'importance. Contrairement au fort de Joux, il ne bénéficie pas de cuirassements. Il ne sera pas modernisé — il conserve les caponnières disposées dans l'escarpe aux saillants de l'ouvrage — et, en 1886, on construira simplement une batterie annexe armée de canons de 120 mm Mle 1878 de Bange au sud-ouest du fort (une seconde batterie, prévue, ne verra pas le jour). En 1891 seront encore creusés deux abris sous roc — comprenant chacun deux chambrées pour 60 h. — et deux magasins à poudre de faible capacité complétés par deux ateliers de chargement. Deux postes optiques permettent de communiquer avec les forts adjacents et même avec la place de Besançon.
Façade de la caserne (état 2006) |
Rue du rempart (état 2006)…
Gaine du magasin à poudre aux portes parfaitement conservées (état 2006)…
Abris et magasins sous roc (état 2006)
Nota : Les deux forts ne sont pas accessibles au public et le fort du Larmont inférieur se trouve aujourd'hui, malgré les efforts consentis, dans un état pour le moins alarmant…
(1) Décret présidentiel du 21 janvier 1887 pour les nouvelles dénominations des forts, batteries et casernes sur proposition du ministre de la guerre, M. le général Boulanger. Il ne sera appliqué que durant près de huit mois (du 21 janvier 1887 au 13 octobre 1887) ce qui justifie nos réserves quant à l'usage de ces dénominations.
Revoir la première partie (Fort de Joux)… ici
Revoir la première partie (Fort de Joux)… ici
Sources
- Fonds de l'auteur
- MALCHAIR (L.), FRIJINS (M.) - Index de la fortification française 1874-1914, 2002. p. 268
Balliet J.M., 9 décembre 2017
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